Les différentes aphasies

Chaque être humain est unique, et il convient de ne pas enfermer un individu dans des cases de symptômes ou de diagnostics. Mais la compréhension aide à apprivoiser la maladie et à l'accepter.
 
Cette page propose quelques pistes pour mieux comprendre les différents types d'aphasie et leurs symptômes. La liste n'est en aucun cas exhaustive et n'est pas utilisable pour poser un quelconque diagnostic.

Quelques types d'aphasie

L'aphasie de Broca (aphasie expressive):
 
L’aphasie de Broca est une aphasie non fluente dans laquelle la réduction du langage est toujours manifeste mais d’intensité variable.Le tableau initial est souvent celui d’une absence quasi-totale de productions langagières pouvant aller jusqu'au mutisme.
Les lésions responsables de ce type d'aphasie se situent au niveau de l'aire de Broca dans l'hémisphère gauche.
Les troubles de la compréhension, s’ils existent, sont habituellement modérés et, en tout cas, la compréhension est de meilleure qualité que la production orale.
L'écriture est également touchée.
L'aphasie de Wernicke (dite réceptive) :
 
L’aphasie de Wernicke est une aphasie à prédominance sensorielle due à une lésion cérébrale de la zone de Wernicke. Elle se caractérise par des difficultés importantes à comprendre ce qui est dit et ce qui est écrit.
La personne parle facilement ou même abondamment. Elle fait des paraphasies et, parfois même, elle jargonne. Si elle essaie d’écrire, elle éprouve généralement les mêmes difficultés que lorsqu’elle parle.
Quelle que soit l’intensité du trouble, la compréhension sera massivement atteinte.
L’aphasie de conduction:
 
Elle se manifeste par un langage entrecoupé d’hésitations, d’arrêts occasionnés par une difficulté à trouver les mots et, surtout, par la production de nombreuses paraphasies. L’individu mêle les sons dans les mots et, comme il en est habituellement conscient, il tente de se corriger au fur et à mesure par des essais successifs. Quelquefois, les paraphasies sont tellement abondantes qu’elles peuvent donner lieu à un jargon. Contrairement à l’aphasie de Wernicke, à laquelle elle peut parfois ressembler, l’aphasie de conduction ne s’accompagne généralement pas de troubles importants de la compréhension. Elle peut être le résultat d’une aphasie de Wernicke ayant évolué positivement.
L'aphasie mixte : on parle d’aphasie mixte quand il y a à la fois une réduction de l’expression et des difficultés importantes de compréhension.
 
L'aphasie globale : c’est la forme la plus sévère de l’aphasie. L’expression est quasi nulle; on parle alors de suppression du langage. Les troubles de compréhension sont aussi très importants.

Quelques symptômes

L'anomie :
appelée le manque de mot, c'est une difficulté ou une incapacité à trouver et à exprimer un mot.
 
Les troubles arthriques :
ils touchent la prononciation des mots. Ceux-ci sont déformés ou mal articulés.
Les paraphasies :
c'est l'utilisation d'un mot à la place d'un autre ou le déplacement des sons à l'intérieur d'un mot.
 
Le jargon :
les mots sont mélangés, déformés ou même totalement inventés.
 
La stéréotypie :
ce sont toujours les mêmes syllabes, mots ou expression qui reviennent. C'est une situation incontrôlée.
 
Troubles de la fluence :
perturbation de la fluidité de la parole, dans le sens de la réduction ou de l'augmentation.
Les troubles de la compréhension :
difficulté à comprendre ce que dit son interlocuteur, même si l'audition est bonne.
 
Le langage automatique :
utilisation automatique d'expressions courantes comme "merci" ou "bonjour" pour remplacer d'autres mots.

Les troubles associés

Les troubles suivants peuvent être associés aux difficultés de langage. Ils sont également dûs aux lésions du cortex cérébral.
Physiques
 
  • Hémiplégie : paralysie totale ou partielle de la moitié du corps opposée à la zone du cerveau lésée
  • Paralysie faciale : elle atteint plus fréquemment la zone inférieure du visage, sur la partie opposée à l'hémisphère cérébral lésé
  • Hémianopsie : perte ou affaiblissement de la vue dans une moitié du champ visuel (horizontalement ou verticalement) pour un ou les deux yeux
  • Apraxie : trouble affectant la motilité volontaire, se traduisant par une incapacité à effectuer des gestes de la vie quotidienne
  • Dysarthrie : trouble de l'articulation dû à une altération du fonctionnement des muscles des organes de la parole

 

Cognitifs
 
  • Héminégligence : trouble affectant la perception ou le traitement des informations émanants de l'espace opposé à la lésion cérébrale
  • Anosognosie : incapacité à reconnaître la maladie dont on est atteint
  • Agnosie : déficit de la reconnaissance des objets, des personnes, des lieux, des sensations, sans qu'il y ait atteinte des organes sensoriels ni des aptitudes intellectuelles
  • Acalculie : perte de la capacité à reconnaître ou utiliser les chiffres et les nombres, ainsi que du calcul
  • Troubles des fonctions supérieures : troubles de la mémoire, de l'attention, fatiguabilité, difficulté à communiquer dans les endroits bruyants, troubles de la planification et de la flexibilté...
Émotionnels
 
Il ne faut pas négliger le versant émotionnel de l'aphasie. Le choc du diagnostic se combine à l'impossibilité physique d'exprimer son mal-être et son angoisse face à l'avenir.
Ceci peut amener à :
  • Repli sur soi
  • Perte de confiance
  • Frustration
  • Dépression
  • Anxiété

C'est là que les associations d'aide aux personnes aphasiques jouent un rôle important. L'écoute, l'empathie et la bienveillane sont des attitudes-clé, et qui de mieux placées que les personnes ayant vécu le même traumatisme ?